« Aux fondements de l’idée moderne de responsabilité »
Francis Wolff, philosophe
Qui est responsable ?
Y a-t-il un responsable ?
Mais de quoi ?
Et bien de tout ! Du chômage, de la crise, et même de tous les malheurs du monde. Les guerres, les massacres de masse, les génocides, mais aussi les injustices, les famines, les pandémies, mais aussi les tremblements de terre, les tsunamis, et toutes les souffrances qu’ils entrainent, et aussi les maladies, les douleurs, la mort, etc.
Absurde ! dira-t-on. Il n’y a pas un responsable. Certains maux ont des responsables, particuliers, individuels, d’autres non, c’est comme ça, c’est la vie, c’est ce monde, peut-être y a-t-il un autre monde, sans souffrance, sans injustice. Mais il n’y a pas, ici-bas, de responsable pour tout et n’importe quoi.
Pourtant, tout n’est pas si simple. Car de nombreux récits, mythes et religions affirment qu’il y a bien un responsable originaire de tous les malheurs. Ce récit, c’est un des plus justement célèbres de toute notre culture, l’histoire du jardin d’Éden ou du péché originel, qui explique pourquoi nous ne sommes pas ici-bas au paradis et pourquoi ce monde est une vallée de larmes, et surtout qui est responsable de tout cela.
Cette histoire, il vaut la peine de la relire aujourd’hui, indépendamment de toute croyance religieuse, de tout contexte biblique ou spirituel. Parce qu’elle a encore beaucoup à nous apprendre. Parce que, surtout, on peut y voir une chose surprenante : les contradictions qui traversent aujourd’hui la notion de responsabilité s’y trouvent curieusement déjà exprimées.